25 juillet 2013

NOTE PLUS ANCIENNE
Quand souffle le vent du nord (Daniel Glattauer) J'ai été captivée par ce dialogue amoureux. Quand souffle le vent du nord est un joli livre, plein de fraîcheur et de réalisme. pas encore aigris d'attentes déçues, ni las de quotidiens routiniers plus lassants que sécurisants. La relation épistolaire dans l’instantanéité différée du mail est, en apparence, d'une richesse absolue. «Tout est permis car rien n’est possible», «Tout peut se dire et se contredire», Cet échange est un dialogue introspectif qui tire sa puissance du désir de l'autre, il est énergisant. Alors que dire de la séduction sans sexe ? Car l’intrigue s’en tient, par l’influence de nos cultures coupables et culpabilisantes, au fantasmagorique Quel intérêt trouvons-nous, quand on a faim, à danser devant le buffet ? Séduire sans passer à l'acte, c’est être excité par son état affamé … c’est plus morbide que vivant … Désirer l’autre, c’est l’expérience d’être vivant … Et la moralité et l’adultère dans tout cela ? … Vouloir consommer et en être empêché … par l’autre, ou par soi-même, est-ce raisonnable ou exaltant ? Etre nourri de l’extérieur est être évidé du dedans, c’est se sentir dépendant des autres : qu’est-ce qu’on attend des autres qu’on ne s’est pas encore donné ? Le mail agit à la fois comme un contenant et comme le fantasme …. Car la réalité nous contient …Mais quand il s’agit de passer à la rencontre …. Ou on est vivant et on passe à l’acte, ou toutes les illusions tombent, et on est obligé de contrôler la rencontre ... Il n'y a pas plus grande pulsion de vie que dans le corps-à-corps, il n'y a pas plus morbide que de l'empêcher de s'exprimer ... S'il devait y avoir une suite à ce roman, que pourrait-il nous démontrer d'autre ?
NOTE PLUS RECENTE
Loving Frank (Nancy Horan) Il y a 100 ans, en 1914, à l'heure où l'Europe se prépare à enflammer le monde, l'architecte le plus brillant de l'Ecole de Chicago, Frank Lloyd Wright, vit le dénouement tragique de son histoire d'amour avec Mamah Borthwick Cheney. "Loving Frank" raconte cette histoire d'amour qui a scandalisé l'Amérique puritaine et qui a coûté à l'avant-gardisme architectural du génie FLW, qui vivra son apogée grâce aux années 30. Le décor est celui de l'Europe, du Japon, et des EU à Oak Park (Chicago) et Taliesin (Wisconsin). Pour ceux qui ont eu la chance de visiter les maisons de FLW, vous ne pourrez pas échapper à l'émotion grandissante, au fil de votre lecture, en visualisant clairement les lieux de vie ces personnages hors du commun. A contrario, si vous ne connaissez pas cet épisode tragique, je vous invite à ne pas fouiner, avant votre lecture, sur le Net. Pour découvrir l'œuvre de FLW, il ne suffit pas d'admirer ses maisons. Nancy Horan réussit dans son roman le spectaculaire défi de nous infiltrer dans la tête et dans le cœur de cet artiste de génie. Toute sa Vie est un hymne à la fluidité de la Nature et de l'Amour. Cet homme, dans son art, a créé la liberté créatrice du XXé siècle. Et la femme qui l'accompagne, Mamah Borthwick Cheney, va payer d'un lourd tribu, elle aussi, sa contribution à la Liberté de Femme, celle-là-même qu'à l'aube du XXIé, on défend encore avec difficulté. Ce roman est un magnifique hommage au parcours violent et isolé des "évolutionnaires". Ces hommes et femmes, comme illuminés au Présent de ce que doit satisfaire l'Avenir, tracent le chemin de tous au prix de leur vie, de leurs proches et de leur réputation. A cette époque, le mouvement suffragiste fait déjà parler de lui. Et comme aujourd'hui, l'Europe du Nord a une certaine "avance" dans la diffusion d'idées sociales modernes. Mamah Borthwick Cheney traduira les œuvres d'Ellen Key. Cette suédoise est tout à la fois conservatrice et incroyablement radicale. Elle répand des idées nouvelles, sur lesquelles on se débat encore aujourd'hui à l'heure du "mariage pour tous" et du "féminin (au sens yungien du terme) dans l'entreprise et dans la société". Ce que nos adolescents et nos enfants trouvent aujourd'hui "naturel" (car tout se vaut …) a généré tant de combats, desquels certains ont été gagnés "grâce/à cause" de la Grande Guerre … Que dit Ellen Keyet que vivent Mamah Borthwick Cheneyet Frank Lloyd Wright ? : "Dès que l'amour disparaît, le mariage perd tout caractère sacré. Mais si l'amour vrai, le grand amour, naît hors du mariage, il est sacré et mérite le respect. Chaque nouveau couple doit prouver qu'en vivant ensemble, il enrichit non seulement sa propre existence mais le genre humain tout entier. Seule la cohabitation peut décider de la moralité d'une union." Ce couple d'Amour que forme Mamah Borthwick Cheneyet Frank Lloyd Wright incarne l'existence libre et honnête. Ils ont mené une vie intègre. "L'amour est moral même sans mariage légal. Mais le mariage sans amour est immoral. Un mariage consommé sans amour réciproque, la vie maritale qui perdure sans amour mutuel ne contribuent à la dignité ni de l'homme ni de la femme. C'est au contraire une contrefaçon criminelle des valeurs les plus sacrées de l'existence.
Dans le nouvel ordre moral, la seule chose échangée entre mari et femme sera un amour librement consenti, que ni l'un ni l'autre ne pourront jamais exiger comme un dû. De telles revendications ne sont qu'une grossière survivance des périodes les plus reculées de notre histoire." Il convient de rester à la fois vigilant et vaillant. Aujourd'hui que nous connaissons une nouvelle rupture dans notre système de valeurs sociétales, nous assistons aux mêmes extrêmes. Au début du XXé, il y avait les adversaires adhérant à la morale conventionnelle et à la recherche d'un "amour pur" dépourvu de sensualité. Ceux-là même qui collaient des feuilles de vigne sur l'art moderne et censuraient la littérature érotique. Ceux-là même aussi qui ne vivant que pour leur progéniture font de piètres compagnons pour celle-ci. Et il y avait les adversaires prétendant être bohèmes, se jetant à corps perdu dans des liaisons éphémères décrites à tort comme de "l'amour libre". Ceux-là ignorent tout de la véritable dévotion amoureuse.
 Aujourd'hui que notre société réclame un élan plus collectif et un rééquilibre entre vie personnelle et vie professionnelle se voit opposer à nouveau des adversaires : entre ceux qui affirment la sacro-sainte réussite économique et sociale comme seule indication de la valeur humaine, et ceux qui s'y opposent de façon forcenée, au point de valoriser une vie subventionnée par l'Etat. Un grand écart les sépare au milieu duquel la majorité des personnes se trouve et se cherche. Et c'est dans cet écart que nous sommes tous potentiellement des "évolutionnaires".

Alexandra

Lectrice et Ecrivante contemporaine, 
Femme, Mère, Amie, Relation, Professionnelle .... m’occupe 24h/24 ....

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