L'Histoire commence par "la première fois que je l'ai vue, c'était devant le cercueil de ma mère." L'histoire se déroule à l'ère du Maccarthysme. Le roman est léger, une légèreté à la mesure de l'insoutenable devoir de renoncer à l'amour de sa vie sous le coup des facteurs sociaux. Il est violent de dire adieu quand on veut rester. Il est douloureux de rire quand on veut pleurer. Il est ardu de fermer les yeux quand on veut voir. Mais le plus terrible est de devoir oublier quand on veut aimer...
A titre liminaire, je dois faire quelques confessions …
Tout d'abord, c'est la seconde fois que je lis ce roman. Je l'ai lu il y a 5 ans, alors que j'avançais dans le tunnel de ma vie en ignorant y être bloquée, tout en étant nouvellement bouleversée par le tunnel de ceux qui vivaient près de moi … J'ai depuis appris à me souvenir que prévenir c'est déjà guérir : quand je commence à voir chez les autres, c'est très probablement que je ne vais pas tarder à accepter de le découvrir chez moi … Ainsi donc le ricochet s'est produit, et je viens donc de le relire ... car finalement ce roman me parlait à moi aussi, sourde et aveugle que j'étais !
Je suis abasourdie des nuances selon nos niveaux de lecture. Ces niveaux sont intimement liés à nos regards sur nos vies. Lire profondément comme superficiellement est toujours un moment personnel, que l'on écoute, ou pas. Et ces niveaux de lecture démontrent finalement la richesse émotionnelle des écrivains comme ils invalident la fugacité péremptoire d'une critique littéraire.
Ensuite, si je ne suis pas férue de l'œuvre de Douglas Kennedy, je voudrais lui rendre un double hommage.
Premièrement, la légèreté de sa littérature élargit la base du nombre des lecteurs, ce qui, pour moi, est capital. Lire, c'est partir dans d'autres mondes, y compris le sien, et en revenir, si possible, plus ouvert, plus pacifique, plus sensible. L'auteur beaucoup lu fait donc pour moi œuvre d'intérêt général.
Secondement, plus votre cœur est lourd à sentir votre poitrine vouloir exploser de son habitacle fragile, vos tripes si broyées de l'intérieur à s'en répandre à l'extérieur, votre tête bouleversée malhabilement encore accrochée à votre corps supplicié, votre voix qui s'expulse en cris de douleurs et plaintes sourdes, vos yeux brûlés par les larmes si longues à tarir, plus la légèreté littéraire vous offre douceurs et consolations pour emprunter les issues de votre tunnel qui se rendent enfin visibles. L'auteur beaucoup lu fait donc pour moi œuvre de compassion et de service.
J'ai donc aimé les thèmes de ce livre …
Ce roman évoque l'Amour, un coup de foudre qui n'est pas passionnel, qui n'est pas la rencontre de deux névroses, mais bien la rencontre de deux êtres faits pour être 1 ensemble et 1 chacun. Il évoque aussi que l'Amour n'a pas de sexe. C'est évident aujourd'hui. Cela l'était moins dans les années 50 …
Ce roman évoque la Famille, avoir des enfants, pouvoir en faire ... Un pouvoir qui n'est pas donné à tous, un pouvoir sur lequel la médecine avait peu de connaissances dans les années 50 …
Et ce roman évoque la rencontre de la Famille et de l'Amour : comment faire durer la première quand le second se termine ? Les personnages de ce roman, qui se déroule en plein Maccarthysme, sont tenus par les conventions sociales de l'époque : la femme n'est pas l'égale de l'homme, l'homosexuel n'est pas l'égal de l'hétérosexuel, l'adultère n'est pas l'égal de la séparation, le divorce n'est pas l'égal du mariage, le devoir n'est pas l'égal du courage …
Aujourd'hui – soyons heureux de vivre au XXIè siècle …, divorcer c'est dire oui au mariage d'amour, dire oui à l'amour c'est assumer sa dimension personnelle, vivre aujourd'hui finalement c'est ne plus être à l'abri des conventions sociales pour cacher son manque de courage personnel …
Des autres œuvres sur le courage personnel …
Pour tordre le cou à l'interprétation populaire que le temps que nous vivons, celui de l'augmentation du nombre de séparations des couples, serait le temps de la méconnaissance de la Famille et de l'Amour …Familles je vous aime, merci Luc Ferry de nous rendre la beauté de notre appétit à l'Amour et à la Famille en assumant la séparation.
Pour tordre le cou au désespoir à l'échelle d'une vie et se souvenir que l'on n'est que de passage ici-bas. Et si à l'échelle de notre vie nous préservions l'espérance que la rédemption existe à la génération suivante …Elle s'appelait Sarah, Tatiana de Rosnay et Le goût du bonheur, Marie Laberge, merci à vous deux de nous rendre le courage personnel à l'heure où les conventions sociales ne peuvent plus nous servir de prétexte utile.
Pour tordre le cou à la Norme que d'aucuns osent appeler Vérité. Et si le plus destructeur des mensonges était celui que l'on se fait à soi. Tellement convaincus par nous-mêmes, nous ne pouvons que convaincre ceux qui nous entourent. L'esprit critique est si tardif. Et c'est ainsi que tous et chacun grandissent sous l'épée de la Vérité … La double vie d'Irina, merci Lionel Shriver de nous rendre la réalité d'une petite décision aussi facile que complexe, en se gardant subtilement de ne pas tomber dans le piège bas de gamme que ne pas décider de faire noir donne du blanc … tout se joue pour la première fois …
Pour tordre le cou à l'égalitarisme entre l'homme et la femme.
Là où l'excellence offre variété des talents, estime de soi et liberté d'être, l'élitisme, par sa consanguinité, est un cimetière de grands savoirs. Là où l'égalité humaine préserve des guerres et des jugements de valeurs, l'égalitarisme dans les tâches et les rôles ampute et moyennise chacun ... Nous savons distinguer égalitarisme et égalité. Il est évident que les joueurs d'une équipe sportive sont égaux dans l'équipe, tout comme il est évident que l'égalitarisme qui reviendrait à leur demander d'être tous attaquants ou défenseurs serait aussi inefficace qu'insatisfaisant. La femme et l'homme sont égaux sur le terrain de jeu qu'est la vie, ne les traitons pas égalitairement. A chacun sa place, son rôle, sa tâche, son excellence …
Au roman que je finirai d'écrire à l'heure où seuls les oiseaux accompagnent les éboueurs … pour nous rendre à tous que la féminité d'une Femme n'a d'égale que la galanterie d'un Homme, que la beauté de l'intimité d'un couple sue dans le partage équitable de la volupté, que s'accorder avec notre vérité émotionnelle aide à grandir ces enfants que l'on chérit tant, que cesser de craindre de les faire souffrir est cesser de confondre ignorance et enfance. L'ignorant n'est pas un enfant. L'enfant n'est pas un ignorant.
Dans la colonne à droite (sous l'intitulé "Albums Photos"), vous trouverez des informations pratiques sur ce livre, ainsi que la biographie et la bibliographie de l' Auteur.
Bonjour MorganC
je te remercie de ton commentaire
je n'ai pas lu "Quitter le monde", j'en entends du bien
j'ai lu "les charmes discrets ...", que j'avais trouvé très ... réaliste ...
Chaque livre crée des échos particuliers à des instants particuliers, et peut ainsi se relire, se re-visiter
A bientôt
Rédigé par : Connivences | 25 janvier 2011 à 09h51
Bonjour,
J'ai découvert Douglas Kennedy avec "Quitter le monde" et ce sont ensuite tous ses romans que j'ai vécu à chaque fois avec autant d'intensité. Ma préférence va peut-être aux "Charmes discrets de la vie conjugale"...
Rédigé par : MorganCwabstemer | 24 janvier 2011 à 22h06
bonjour Karin et merci de votre commentaire et de votre compliment. Et je rajoute donc sur ma pile "quittez le monde". On s'en "reparle". Alexandra
Rédigé par : Connivences | 18 octobre 2010 à 13h26
Bonjour,
Quel beau texte, je vous en remercie. Le mariage d'amour toujours au centre des débats, (lire le dernier livre de Jules Ferry). Oui, j'aime également Douglas Kennedy, et j'ai vraiment adoré lire Quittez le monde, que je vous recommande sur mon Blog Styl is Tika.
à bientôt,
Karin
Rédigé par : Karin | 18 octobre 2010 à 13h12