Qu'est-ce que le changement culturel ?
Il est important de se souvenir que chaque période historique a une croyance fondamentale, et que cette croyance a du mal à s'imposer (et donc il y a des allers et retours), et que ce sont les conditions de vie qui sont à l'origine des changements avec des hommes qui comprennent ces changements et y apportent des solutions nouvelles (qui permettent de vivre la concordance des conditions de vie et de la croyance qui va avec), et des hommes qui ont peur des changements (et qui font redescendre dans les croyances passées).
La Renaissance : les changements technologiques entraînent de nouvelles conditions de vie : l'imprimerie, l'Amérique par Christophe Colomb, la mondialisation du commerce, la pomme de terre d'Amérique qui va permettre de juguler les famines en Europe …: le monde passe d'une croyance "chacun pour soi et que le plus fort gagne" à une croyance "il faut faire régner ici-bas un ordre collectif tenu par l'au-delà".
La Renaissance : crée les conditions du changement (le désordre d'une certaine manière), parce que l'on découvre que la Terre est ronde, l'Empire Romain est mort, la fin de la guerre de 100 ans, et l'on découvre l'imprimerie qui permet la diffusion rapide et générale de l'information : on quitte la tradition orale et on découvre que celle-ci peut raconter des inepties … C'est la fin du Moyen Age (vers 1492 : découverte de l'Amérique et l'arrivée de la pomme de terre en Europe).
C'est l'époque de La Réforme : monothéisme …. (Le Livre, la bible est éditée, mouvements protestants, guerre de religion pour instaurer l'ordre social unique, pour matter les "sauvages", la culture contre l'homme à l'état naturel (les indiens d'Amérique du sud…)
C'est l'époque de la création des Nations : (traité de Westphalie, 1648) : un territoire, un peuple : plus j'ai de territoires, plus j'ai de peuples, et pour que ça colle, il faut que tout le monde pense pareil (je répands LA vérité, et je fais des guerres des religions …), et c'est possible puisque je sais maintenant que la terre est ronde, j'ai des bateaux, et les pays à conquérir ont des richesses (l'or de l'Amérique, l'appât du gain sont des prémisses pour installer "le bonheur pour soi ici et maintenant", 17é et 18é : les guerres européennes).
Les Lumières : aboutissent à La Révolution Française, première tentative avortée de passage de "il faut faire régner ici-bas un ordre collectif tenu par l'au-delà" à "le bonheur pour soi ici et maintenant", puis Napoléon (stress de la croyance passée, retour vers ce que l'on connaît, soit le "chacun pour soi et que le plus fort gagne", restabilisation par "il faut faire régner ici-bas un ordre collectif" par le code civil, les régions, …), puis la fin de la Royauté (début de la dégringolade de l'ordre collectif sur la base des idées des Lumières) et les débuts de la Démocratie ("République" en 1792 / début des révolutions populaires puis industrielles / et l'ordre collectif "meurt" en mai 1968 et "le bonheur pour soi ici et maintenant" devient alors dominant)
Les Lumières, c'est le 18é européen, la fin de règne de Louis XIV. Les Lumières touchent tous les domaines :
. arts plastiques : transition entre les périodes classique, rococo et néo-classique
. musique : périodes baroque et classique
. et les courants de pensée avec des acteurs historiques.
La pensée des Lumières :
Que s'est-il passé dans les conditions de vie pour que Les Lumières apparaissent ? : L'Ordre collectif exagère, va trop loin en punissant et en culpabilisant et en refusant la créativité …:
. Les découvertes scientifiques (révolution newtonienne surtout) : l’esprit scientifique l'emporte sur la Providence
. Ce sont de nouvelles idées : l'idée de contrat, d'association : l'homme peut choisir de s'engager, peut définir ses droits et obligations, et non se les voir imposer sans savoir ni comprendre (forte influence des travaux de John Locke), l'homme est libre de devenir quelqu'un, il n'est pas déterminé à la naissance (c'est l'inné contre l'acquis, c'est la grande différence entre l'homme et l'animal, à l'époque des hommes sont considérés comme des animaux car pas nés du bon côté, de la bonne couleur, sur la bonne terre …). Ce sont les débuts de la tolérance, liée aussi aux mouvements contre les guerres de religions.
. Du coup, si l'homme peut penser et être libre, le Roi est un homme, il ne peut pas être un Dieu. L'idée de la démocratie germe. On devient critique, "discours critique".
Que veut-on de croire nouveau ?
. On veut cesser de croire à la pensée magique qui ne s'explique pas logiquement, qui ne se démontre pas scientifiquement. On veut croire que la Vérité est dans les connaissances, et non plus dans l’illumination divine (affirmant que Dieu ou le Roi est une émanation de l’absolu). On les appelle "Lumières", car on sort des ténèbres dans lesquelles sont les masses. C'est une pensée élitiste, tenue par une minorité en avance sur son temps (tout changement social se passe comme ça).
. Cela signifie aussi que l'on considère que l'histoire des hommes n'est pas que la répétition du passé et le respect des traditions, des rites et des expériences passées, ni l'expression de la loi du plus fort, ni l'obéissance aveugle au divin invérifiable, on considère que les idées et les connaissances peuvent construire l'avenir. Pour la première fois, l'homme considère qu'il est à l'origine de la construction de son avenir, et non l'héritier passif du passé. Le rapport au temps change, et le rapport à la collectivité et aux besoins de l'individu changent … sans trop savoir comment faire.
Et c'est là que Diderot, Rousseau, Montesquieu ont des choses à dire …
Les acteurs de la pensée des Lumières :
Les partisans des Lumières sont les acteurs de nombreux combats nés de l’«usage public de sa raison dans tous les domaines».
Les philosophes ne se contentent pas d’écrire. Ils se mettent aussi personnellement en cause, au risque d’être arrêtés, emprisonnés. Diderot consacre plus de vingt ans de sa vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes de texte et de 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois.
Les travaux du juriste Beccaria, lui-même influencé par Montesquieu, trouvent leur retentissement dans les affaires Calas et Sirven, où sont affirmées la nécessaire abolition de la question et les limites du pouvoir exécutif (=le Roi). Le procès du chevalier de la Barre inspire à nombre de penseurs une réflexion sur la liberté de conscience.
À la faveur de ces évolutions apparaissent des formes de sociabilités nouvelles (réseaux de diffusion, on discute …) : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosité, salons littéraires et salons artistiques, salons de physique, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs à l’anglaise ou “bouges” où se rencontre la « Bohème littéraire ».
Dans ces cadres nouveaux ou renouvelés, les gens de lettres prennent le pouvoir de la critique et font vivre débats esthétiques, querelles littéraires, réflexions politiques : ici se croisent anciennes et nouvelles élites, artistes sans fortune et leurs mécènes, agents de l’État, aventuriers : la communauté devient cosmopolite et hétérogène, ce sont les débuts de la bourgeoisie (contre la noblesse, c'est donc le terreau de la Révolution), et on devient anglomane (la GB a fait sa révolution 1 siècle avant nous).
Jean-Jacques Rousseau dénonça la futilité des discussions qui s’y tenaient et parlait de «Morale du bilboquet» pour toute personne qui s’en tenait à l’écart.
Dans le cadre français, les Lumières voient basculer dans les années 1750 leur centre de gravité de Versailles à Paris qui apparaît comme la nouvelle capitale intellectuelle et artistique, comme une capitale des Lumières. C'est pourquoi Paris est capitale de la France.
Montesquieu s'intéresse au Droit, il compare les systèmes de droit. Sa préoccupation est la distribution (le partage et le contrôle) des pouvoirs : l'exécutif, le législatif, le judiciaire, et non tout en un seul homme (roi). Il veut de la démocratie, la fin de l'esclavagisme, et la prise en considération de la différence des hommes selon leur environnement (la théorie des climats: d'affirmer que les hommes sont différents plus par leur endroit de vie que par leur pensée, que l'endroit où l'on vit y est beaucoup dans sa façon de penser). Une de ses (nombreuses) phrases célèbres : "Vérité en-deçà des Pyrénées, Mensonge au-delà".
Par exemple, les esquimaux ont plus de 50 mots pour décrire la neige, car c'est leur condition de vie.
Diderot s'intéresse aux idées, il veut inciter à la réflexion personnelle en offrant toute la connaissance disponible, il ne veut pas prêcher pour une idée plutôt qu'une autre. Du coup, il est mal connu de ses contemporains, éloigné des polémiques de son temps et des conventions sociales, mal reçu par la Révolution, il devra attendre la fin du 19e pour recevoir enfin l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs.
Plutôt que philosophe, Diderot est avant tout un penseur. Il ne poursuit en effet ni la création d'un système philosophique complet, ni une quelconque cohérence : il remet en question, éclaire un débat, soulève les paradoxes, laisse évoluer ses idées, constate sa propre évolution mais tranche peu.
Rousseau s'intéresse à l'homme et à l'éducation, il est influencé par la GB, il compare la nature et la culture, il veut trouver le moyen de lutter contre les inégalités de naissance entre les hommes, et ce moyen s'appelle le "contrat social".
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