Le roman débute comme au théâtre : il y a 10 personnages, dont 3 quasi absents sur la scène. Cinq sont de la même famille, et cinq sont des amis. Théo fête ce soir ses vingt ans. Son frère Niels lui offre en cadeau un jeu de société, un jeu où chacun sera dévoilé par l'image qu'il donne aux autres. Les liens indéniables de la fratrie, de l'amitié et de l'amour naissant sont-ils si visibles ... ? Bienvenue dans un jeu de miroirs qui se brisent.
L'histoire est racontée trois fois : par les choses pensées, puis par les choses dites, et enfin par les choses rapportées. C'est la même pièce de théâtre, le même acte joué trois fois. Unité de temps, unité de lieu, unité d'action. N'est-ce pas ainsi que nous communiquons ? On pense des choses, on en dit certaines, et on en rapporte d'autres …
Les personnalités sont fines : l'ensemble des personnalités, la précision de leurs motivations secrètes, la photographie de leurs comportements relèvent de la perfection … A eux tous, Alice Ferney dit tout, voit tout, ressent tout, entend tout, cache tout, dévoile tout, avoue tout … Chaque personnage porte en lui le secret d'une partie de la perfection de l'homme : la jubilation enfantine de Niels, l'anxiété mélancolique de Moussia, l'abdication résolue de Fleur, la bienveillance et la loyauté d'Estelle, la bonne volonté de Théo, la capacité à réaliser et à réussir de Claude, l'amour de Nina, la puissance et le courage de Marina, la connaissance d'Arthur. A eux tous, personnages fouillés, ils sont parfaits ! et résonnent en nous.
L'écriture est une magie littéraire : compatissante et de vérité troublante, Alice Ferney touche au cœur et captive dans ce huis-clos le lecteur curieux. Nous sommes de parfaits inconnus les uns pour les autres. D'invisibles fils nous lient les uns aux autres. Les sentiments sont déposés dans ces corps hermétiques si proches les uns des autres et séparés. Je puis choisir de mourir sans pour autant te donner la mort. Nous sommes capables de vivre les uns sans les autres.
A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? …
La finesse des motivations des personnages m'a fait penser à l'énnéagramme. La succession des points de vue m'a fait penser au film de Robert Altman, Short Cuts, ainsi qu'au roman de Elliot Perlman, Ambiguités.
Dans la colonne à droite (sous l'intitulé "Albums Photos"), vous trouverez des informations pratiques sur ce livre, des morceaux choisis, ainsi que la biographie et la bibliographie de l' Auteur.
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